Une fois n’est pas coutume, un site
d’information français « Les échos.fr » a publié à la fin du mois
dernier un article positif sur Israël. Le
journaliste Favilla s’est penché sur les résultats de plusieurs enquêtes
.Deux classaient Israël en quatrième place (sur 193 pays) et en
huitième place (sur 36) dans l’échelle du bonheur, une troisième montrait que les jeunes
israéliens avaient confiance en leur pays plus qu’en aucun autre. Ces résultats
l’ont amené à intituler son article « Une leçon d’Israël » et à tirer
quelques conclusions qui s’imposaient :
« Voilà un pays au
régime électoral détestable, menacé de toutes parts par des voisins qui visent
sa destruction, confiné dans un territoire exigu, théâtre d'immigrations
diverses et de populations incompatibles. Le contraste est saisissant avec le
diagnostic concernant les Français dans des enquêtes analogues ».
Rappelant à l’attention de ses compatriotes
français qu’ils restent les champions du monde du pessimisme, le journaliste
leur a donc suggéré de s’inspirer de l’exemple israélien pour retrouver le
moral, ajoutant qu’il faudrait pour cela «être menacé à tout moment de disparaître »
et à cause de cela « être attaché passionnément à son pays, l'aider
de ses devoirs et non l'accabler de ses droits, attendre de l'Etat qu'il
organise votre défense et non qu'il vous nourrisse ». Pour conclure, il a même suggéré au
gouvernement d’offrir aux jeunes Français une année sabbatique en Israël !
Cette analyse vient nous rappeler qu’il
existe une réalité typiquement israélienne qui peut d’ailleurs paraître
incompréhensible vue de l’extérieur. Car à l’image du peuple juif qui, au cours
des périodes sombres de son histoire, a su garder espoir en des jours meilleurs, nous, Israéliens, partons du
principe qu’en ce monde, même la pire des situations n’est pas figée. Nos
écrits nous enseignent qu’il n’y a pas d’obstacle que nous ne puissions surmonter,
et c’est d’ailleurs du Talmud de
Jérusalem qu’est tiré le célèbre dicton « tant qu’il y a de la vie, il
y a de l’espoir ». Or ce pays a justement été bâti sur l’espoir après
la Shoah et même notre hymne national s’intitule l’espoir
« Hatikva ».
Certes, il est vrai que nous sommes parfois
au bord de la crise de nerfs pour régler nos problèmes quotidiens, la
« savlanout » (patience) étant un capital facilement épuisable dans un contexte où gagner sa vie n’est pas
toujours évident. Il est vrai que nous voyons rouge et que nous sommes inquiets
à l’annonce d’une énième vague d’augmentations des taxes
et de diminutions des aides. Il est vrai que nous sommes parfois choqués par
des attitudes ou des paroles qui n’honorent pas leurs auteurs, à l’image d’un
député de la Knesset qui a
récemment traité de « parasites »
un pan de la société. Il est vrai que nous tremblons lorsqu’un conflit éclate à
nos frontières et que nos enfants sont en première ligne. Il est vrai que nous
devons aussi composer quotidiennement
avec des apprentis du mal qui ne savent pas quoi inventer pour attenter à nos vies. Mais, malgré cela, nous
gardons le cap sur l’optimisme, nous sommes attachés à notre pays, nous le
défendons de toutes nos forces et nous ne
souhaitons vivre nulle part ailleurs.
Notre espoir est tout simplement notre arme
suprême. Récemment, au cours d’une interview, la chanteuse Shirel m’en donnait
une émouvante illustration en évoquant le monument dédié aux victimes de la
discothèque le
« Dolphinarium » à Tel-Aviv .A cet endroit précis où 21 jeunes
venus danser ont été victimes il y a douze ans d’un attentat terroriste, est
inscrite cette phrase qui se passe de tout autre commentaire :
« lo nafsik lirkod »,
nous n’arrêterons pas de danser !
Yaël Lancri, édito ASHDOD AUJOURD HUI n°121