Barou'h Hashem !

Vous avez  tous un jour fait cette expérience ; vous rencontrez un Juif. Vous êtes en Israël ; vous rencontrez un Juif, qui plus est Israélien. A la question « Comment ça va ? », il vous répond : « Baroukh Hachem ».Cela peut paraître anodin et la réflexion pourrait s’arrêter là, mais si vous la poussez un peu plus loin : vous verrez qu’une simple expression à priori des plus banales dans le vocabulaire d’un Juif, peut revêtir plusieurs significations selon le contexte dans laquelle elle est employée, et que ce qu’il faut comprendre, ce n’est pas tant ce que l’on dit que la façon dont on le dit… Vous me suivez, non ? Alors, petite mise en situation…

Vous croisez dans la rue un bon copain que vous n’avez pas vu depuis longtemps :
-  Hey, Moshé ! Comment vas-tu ? 
- Baroukh Hachem ! vous répond t-il.
Que comprenez-vous : Qu’il va bien.
Ce qu’il faut comprendre : « Grâce à D. je vais bien que ça dure bleïn Ara Kéanoré*, il ne manque plus que ça qu’il vienne celui-là me mettre le mauvais œil maintenant que les affaires commencent à marcher et que je suis en bonne santé ! »
*Bleïn Ara : ″sans le mauvais œil″ en langage sépharade. Kéanoré : idem, version ashkénaze.

Autre situation : Vous êtes au mariage de Yaëlle et de David, et votre voisine de table à la langue bien pendue vous assène un coup de coude qui vous envoie en pleine poire le coca que vous aviez en main, accompagné de la remarque :
- « Et ben, t’as vu celle-là, devant le buffet de gâteaux ? Baroukh Hachem ! »
Que comprenez-vous : Qu’elle la trouve soit belle, soit connaisseuse et qui plus est fin gourmet.
Ce qu’il faut comprendre : « D. bénisse, elle a un sacré appétit ! Si j’en faisais autant de m’empiffrer comme ça, déjà que j’ai du mal à respirer ce soir dans ma robe bustier, alors là, c’est deux tailles de plus garanties en une soirée. A moins que son mari ait les moyens de lui offrir une liposuccion pour son anniversaire… ».

Dans le même genre : « T’as entendu la nouvelle ? Shoshana a déjà sept filles, et elle attend des jumelles, Baroukh Hachem ! » 
Dans ce cas-là, on se sait pas s’il faut comprendre « bravo » ou « miskéna », la pauvre!

Autre réplique, sortie de la bouche de Maurice : « Un ashkénaze dans la famille ? Baroukh Hachem, on est restés entre Constantinois ! » 
Comprendre : D. nous en préserve !

Une femme demande à son mari, à la fin d’un copieux repas de shabbat :
-Chéri, as-tu assez mangé ? 
- Baroukh Hachem ! 
Que faut-il comprendre : « Oui, merci, c’était bon ».
Ce qu’une femme pensera : « Et si c’est bon, c’est pas un peu grâce à moi, aussi ?! On m’y reprendra à passer mon jeudi dans les courses et le ménage et mon vendredi dans la cuisine ! »

Vous êtes Olé Hadash (nouvel immigrant) et voilà six mois que vous vous battez, avec votre hébreu approximatif, contre les remparts de la bureaucratie israélienne pour tenter de comprendre pourquoi on vous débite chaque mois de la somme de deux abonnements à Hot alors que, depuis le début de la souscription, ce jour où un charmant vendeur est venu, à domicile, vous offrir la lune à 220 shekels par mois tout compris*, vous n’avez signé que pour un. Et un beau jour du mois de juillet, vous ouvrez votre boite au lettres et découvrez, entre deux factures d’Arnona et de Bezek, la lettre de Hot qui vous annonce, ô miracle, que l’erreur est prise en compte et que vous voilà crédité d’un avoir de 1320 shekels (lesquels se retrouveront, soit dit en passant, dans la facture de téléphone, vu le temps passé sur la boite vocale du service clientèle).
Votre réaction, à la lecture de la lettre : « Baroukh Hachem ! »
Ce qu’il faut comprendre : « Sof sof ! Ils ont enfin compris, malgré mon hébreu al hapanim et mon accent frankaoui, que je n’étais pas un pigeon pour autant !
*ça, c’est la petite phrase assassine que vous auriez dû lire, en bas du contrat…

Dans le même sens : « Baroukh Hachem, j’ai enfin quitté la France ! » ou encore : « Baroukh Hachem, j’ai signé mon premier contrat ! » = Enfin, c’est pas trop tôt…

L’hiver sera court…

Les différences de mentalité entre Israéliens "d’origine" et Français récemment arrivés font régulièrement l’objet de nombreuses discussions, plus ou moins animées et indulgentes, mais j’ai noté, pour ma part, une différence majeure que personne ne contredira, sous peine de mauvaise foi…

Cette différence est celle du rapport entretenu avec l’hiver. Cette saison, qui occupe en France les ¾ du temps, bien que le climat tempéré est en principe soumis aux quatre saisons, ne connaît pas du tout le même enthousiasme selon qu’on soit né en Israël, ou fraîchement débarqué. 
L’hiver, sensé arriver le 21 novembre en France si l’on en croit le calendrier « loazi » (traduisez pathos), s’incruste bien souvent dès septembre-octobre (pour preuve les 7 degrés affichés le 3 février dernier sur le thermomètre accroché à la fenêtre parisienne de chez mes parents, en plein 9ème arrondissement). Si ces températures sont automnales, que sera l’hiver ?
Sans vouloir être rabat-joie, si on oublie les orages post-canicule de mi-août, et le printemps qui a littéralement été zappé du fait des giboulées qui oscillaient entre pluies, ondées, bruines, et averses torrentielles, le peu de beau temps était tellement lourd et caniculaire que même l’été s’est révélé désagréable dans la majeure partie de la France
Donc les Français ont de bonnes raisons d’être « échaudés » et de kiffer véritablement tout rayon de soleil israélien…
Tout comme la voiture d’un Israélien doit être, avant toute autre option, équipée d’un klaxon, l’appartement qu’achètera tout Français qui se respecte aura obligatoirement…la vue sur la mer et sur le ciel ensoleillé. Dans le même ordre d’idée, où trouver les Français, quand ils ne travaillent pas, du lendemain de la Mimouna, à mi-décembre ? A la plage, et au retour, aux terrasses de café pour profiter de ce fameux soleil si cher à leurs yeux qui en ont tant manqué durant toutes ces années d’exil en  Galout à « climat tempéré », qui a tempéré le caractère du Français au point de le rendre lunatique (je sens que je ne vais pas me faire des amis). D’ailleurs, la meilleure idée marketing dans le commerce du souvenir serait, mieux que le Tee-shirt « I love Israël » ou que la pendule murale en bois verni décorée du dessin du Mur des Lamentations sur étain gravé : une boite contenant du soleil d’Israël, qu’il suffirait d’agiter pour inhaler du bonheur…Les docteurs devraient y songer, la solution au trou de la sécu est là…
Pour les Sabras, c’est différent…Le « matsav rouakh » (humeur) israélien est directement lié au "miflas hakineret", niveau du Kineret, qui occupe la première place dans la liste des préoccupations israéliennes, le cours du dollar se positionnant non loin derrière. Ainsi, un centimètre de plus enregistré sur le niveau du lac mettra votre patron sabra, le guichetier de la poste, ou encore votre banquière, de bonne humeur pour la journée, ce qui est toujours utile de savoir (ajouté à un maxi mug de café Elite noyé dans du lait, le bonheur est complet).
Le soleil n’est pas le meilleur ami de l’Israélien (même si sa peau le supporte pourtant bien mieux que celle du Français, qui a tendance à virer au rouge plus les origines ashkénazes sont présentes). Et ne parlons pas du Russe, qui a transformé son parapluie soviétique en bouclier anti-solaire et tient là son "péril jaune"). Le Sabra ne peut pas vivre sans mazgan, attend l’hiver et voit le réchauffement de la planète comme une prophétie de mauvaise augure. Il est à l’affût du peu de froid que le furtif hiver israélien lui apportera, et le moindre nuage annonciateur de pluies le met en joie. Il n’y a qu’en Israël où vous pourrez assister à des prières collectives de rabbins pour faire venir la pluie ! Et le jour où la neige se trompant de destination vient à tomber accidentellement en Israël, est déclaré fête nationale, et les enfants, ravis de faire des luges avec leurs buggys, ont un jour de vacances, l’école étant fermée. Ce jour-là, on prend les appareils photos, et le train pour aller voir, au lieu de la grande bleue à Eilat, la grande blanche sur Jérusalem.
Alors que les Françaises repoussent au maximum le passage aux collants, écharpes et pulls de leur garde-robe d’hiver, les Israéliennes, au contraire, enfilent des bottes fourrées dès qu’il fait 18 degrés, 15 degrés étant les grands affres de l’hiver qui les feront s’emmitoufler dans des écharpes et grosses doudounes, sortir leurs couvertures chauffantes, leurs bouillottes, et allumer leurs radiateurs à infrarouge.
Bref, tout ça pour vous dire que tout est une question de mentalité, mais qu’elle trouve parfois son origine…dans l’origine. Et la morale de l’histoire, où en tout cas ce que l’on pourra retenir de ces préoccupations saisonnières, se résume à une phrase, à cogiter pour comprendre autrui : « Dis-moi d’où tu viens, et je comprendrai comment tu es…»

Valérie Bitton

IPHONE : LE TOUR DES APPLICATIONS CASHERES

Tous les utilisateurs de téléphones mobiles iPhone le savent : ces portables sont bien plus que des téléphones puisqu’ils permettent de tout faire. Pour cela, il suffit de télécharger une multitude d’applications dans l’Apple store. Certaines sont gratuites, d’autres pas. Mais saviez-vous qu’il existe également des «applications « cachères » ? Visite guidée…

Commençons par des applications « sérieuses », toutes téléchargeables sur le site marchand iTunes. Parmi elles : le calendrier juif, des livres virtuels de prières, des livres de cuisine casher, des localisateurs de synagogues ou de restaurants cashers. Il y a aussi l'iTalmud, qui permet de consulter numériquement le Talmud dans son intégralité. Tout le monde connaît aussi l'utile application "Shabbat Shalom", qui communique les horaires d'entrée et de sortie du Shabbat à travers les villes du monde entier. Il existe désormais l’application iKotel qui permet d’envoyer une prière qui sera imprimée puis insérée entre les pierres du Kotel. Cette application vous permet aussi de ‘visiter’ virtuellement le Kotel. Vous pouvez aussi télécharger l’application « Produit Casher » qui vous permet de prendre via l'appareil photo de l'iphone un code-barre situé sur l'emballage d'un produit. Une fois le code-barre reconnu et analysé, votre iPhone vous indique si ce produit est conforme aux règles de la casheroute.

Mais il existe également des applications plus fantaisistes, comme l'application Lulav Wizard qui utilise un accéléromètre intégré à l'iPhone afin que les utilisateurs puissent secouer virtuellement en 3D des feuilles de dattier et de cédrat accompagnés d'effets sonores et de prières en hébreu et anglais.
Autre application intéressante : iKippa, pour "ces moments où vous avez besoin d'une kippa et que vous n'en avez pas". iKippa permet aux  utilisateurs de choisir le motif de leur kippa, puis de positionner leur iPhone sur la tête. Remarquez, ce n’est pas pire que la « Kippa-cabana » dans le film « Coco » !
D'autres applications divertissantes sont disponibles sur l'iPhone, comme iGavolt, qui permet d'avoir une grand-mère virtuelle autant de temps que vous le souhaitez dans votre poche. Au cas où les sempiternelles "Pourquoi tu ne m'appelles plus ?" ou encore "Comme tu as maigri, viens manger des falafels !" vous manqueraient un tant soit peu
Pour Hanoucca, vous pourrez allumer un shamash fictif et les bougies d'une Menora virtuelle. L'application iMenora affiche automatiquement le nombre correct de bougies à allumer par jour et entonne les prières après l'allumage. Les bougies se consumeront progressivement, en 8 minutes, sans que vous ayez à dégainer votre briquet. Après les bougies, téléchargez l'application "Super Dreidel", qui diffuse la traditionnelle musique de Hanoucca et permet de jouer à la toupie.

Cette liste n’est pas exhaustive et il en existe sûrement d’autres, des plus utiles aux plus fantaisistes, tout comme il existe de savants hommes de marketing juifs prêts à développer la moindre « i-dée » susceptible d’être lucrative. Reste à savoir si ces applications cashères ne sont pas utilisées le shabbat… 

Valérie Bitton