L’épreuve du maillot de bain


Certains passent leur bac. D’autres passent le permis de conduire. Je connais une épreuve bien plus difficile encore à passer que toutes celles-ci, car on a beau réviser, on est jamais assez préparé…Il s’agit de l’épreuve du maillot de bain…
 Voici donc, pour vous, mesdames, en exclusivité, quelques règles de base pour passer l’épreuve avec succès :
-Essayez toujours un maillot bronzée, ou au moins hâlée. En effet,  aucune couleur ne va à un cachet d’aspirine ! Si vous n’avez pas encore goûté au soleil d’Eilat, mettez de l’autobronzant quelques jours avant l’essayage. Je dis bien quelques jours avant, car la vendeuse n’appréciera pas du tout que vous vous soyez tartinée tout juste avant d’enfiler ce charmant petit bikini tout blanc…
-Evitez les essayages les lendemains de shabbat où la daphina de tata Rachel a laissé des souvenirs inoubliables (et indélébiles) sur les hanches ! Et si vous n’êtes pas encore parvenue à perdre les kilos de pessah, voire de l’hiver, choisissez un magasin dans lequel les miroirs sont à l’intérieur des cabines. Rien de pire en effet que de devoir sortir, sous le regard des curieux,  pour aller se regarder dans la glace située au bout du magasin !
-D’ailleurs, il y a beaucoup d’autres choses qu’il va falloir éviter : les néons qui ne pardonnent aucun défaut et braquent leur lumière crue sur vous comme lors d’un interrogatoire de police. Les miroirs grossissants, ô combien exagérant, qui zooment sur les zones adipeuses aussi nettement que Google Earth le ferait au dessus de régions volcaniques et de terres arides. Les magasins où les vendeuses ne cessent de vous harceler (« Voyons voir ce que ça donne ? », en ouvrant le rideau avant même de vous laisser le temps de l’enfiler, « Si c’est trop petit j’ai la taille au dessus ! », avant même de vous laisser le temps de croire qu’il allait vous aller, « C’est un peu moulant mais la matière va se faire ». Sachez qu’un maillot, même avec  40% de lycra, ne se fait jamais, tout comme une paire d’escarpins T38 sur une femme chaussant du 40 ne se « fera pas » non plus). Evitez les magasins où l’on refuse de vous enlever l’antivol incrusté dans la culotte, ou les épingles piquées dans les bretelles du maillot qui était exposé dans la vitrine. Evitez aussi les rideaux si étroits qu’ils ne cachent que la moitié de la cabine (le miroir intérieur se chargeant de dévoiler l’autre).
-Le jour de l’essayage, mettez des vêtements pratiques. Pas de Converses montantes aux lacets doublement noués, ni de boutons dans le dos d’un chemisier qui ne peut s’ôter en self-service. Car la séance d’essayage peut vite virer au cauchemar, si vous vous affalez sur la pile de cintres à force de sauter à cloche-pied, la tongue coincée dans la jambe d’un slim, le sac à main entre les dents (car vous avez toujours le chic pour choisir la cabine qui n’a plus de porte-manteaux), ou encore les créoles emberlificotées dans les mailles du T-shirt en soie sauvage, du coup sauvagement déchiré… 
-Puisque vous en êtes à choisir le maillot : bannissez le blanc qui n’aura plus de secrets pour personne une fois sorti de l’eau, les larges rayures au risque de vous confondre avec le transat du même nom, le bikini triangle si votre morphologie est plutôt ronde et les chaines dorées qui ne résisteront pas longtemps aux piscines over-chlorées.
-De retour chez vous, il vous reste une consigne  à respecter : n’ôtez l’étiquette et ne jetez le ticket de caisse qu’après avoir fait un dernier essai, loin des spots et des conseils des vendeuses commissionnées. Par contre, découpez celle qui adore dépasser du maillot lorsque vous, naïade, sortez de l’eau.

Si, forte de tous ses conseils, vous réussissez à passer l’épreuve du maillot de bain, ne vous prenez pas pour autant pour la star de la plage car, comme le dit le dicton : « Ce n’est pas parce que je viens de Paris et que j’ai séjourné à l’Hilton que ça fait de moi une Paris Hilton ! »
Valérie Bitton

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