"Dis moi ce que tu offres, je te dirai qui tu es…"


Si je vous dis Hannoucca, vous pensez à quoi ? Aux bougies qui, chaque soir, illuminent votre foyer ? A la toupie que les enfants font tournoyer? Aux beignets dont le souvenir restera ancré sur vos hanches tout l'été? Moi, je pense aux cadeaux…

Aux cadeaux qu'il va falloir dénicher, en espérant qu'ils feront plaisir à ceux qui les recevront mais aussi à notre banquier qui lui, ne croit plus aux miracles depuis longtemps, tout comme aux cadeaux que l'on recevra et qui feront, bon gré mal gré, partie de notre univers.
Mais cet échange de bons procédés qui, initialement, est un plaisir, devient vite un enfer. Tout d'abord, parce que nos chérubins possèdent désormais tout ce qu'il existe en ce bas monde (il est loin le temps où une montre étanche ou une parure de stylo suffisait à les ravir à l'âge de la Bar mitsva!). Des poupées qui crient "achète-moi!" quand on passe devant dans les rayons du magasin à la "Wi" à qui on n'a pas pu dire "non", ils possèdent tout, tout comme les adultes d'ailleurs. Le rituel du cadeau devient donc un vrai casse-tête, d'autant plus que de charmants psychologues ont décrypté nos intentions cachées derrière ce que l'on offre, ce qui rend la tâche encore plus ardue…Dis-moi ce que tu offres, je te dirai ce que cela signifie, en quelque sorte…Il existe en effet plusieurs sortes de cadeaux, tous révélateurs de l'intention du généreux donateur. Voici quelques exemples:

-Le cadeau "tape à l'œil": C'est le cadeau "Waouh!". Il consiste à offrir ce qu'il y a de plus beau, de plus gros, de plus cher. Il s'agit de la dernière caméra en date tellement sophistiquée que hormis la touche "on", il vous sera impossible de l'utiliser à moins d'avoir Bac +30. Ou encore, version enfant, du super-méga-robot-intergalactique et interactif qui ira lui-même au magasin acheter de nouvelles piles quand les siennes seront usagées, ou encore la Barbie aux courbes tellement parfaites et à la garde-robe si belle qu'elle ferait pâlir de jalousie les mamans…Cette recherche de ce qu'il y a de mieux peut cacher un grand besoin d'amour ou d'admiration de la part de celui qui offre ("Je me suis tellement saigné pour toi que tu dois m'être reconnaissant à vie"), à moins que ce soit de compenser ("Je ne suis pas beaucoup là mais voilà de quoi me faire pardonner").

- Le cadeau "prévisible": Celui-là ne se mouille pas…il ne prend pas de risque, au point que le bénéficiaire sache déjà d'avance de quoi il s'agit avant même de l'ouvrir. C'est la énième boite de puzzle pour celui qui regrette ce fameux jour de décembre 1987, où il a dit à sa famille qu'il en était friand, ou encore la 39ème chouette en verre soufflée pour ce collectionneur qui aurait bien aimé devenir philatéliste si on lui en avait laissé l'occasion, à moins que ce ne soit le dixième parfum "Eau divine" qui sort par les trous de nez à celle qui n'osera pas avouer qu'elle ne peut plus le sentir et que sa salle de bains est devenue une annexe de Séphora…

-Le cadeau "donnant-donnant": Celui-là non plus ne prend pas trop de risques: c'est l'échange d'enveloppe (en espérant que la somme glissée dedans soit équivalente), le collier de perles à celle qui avait offert l'année passée une parure de boucles d'oreilles, le mini bonzaï à celui qui avait offert un Yucca filamentosa ou encore le dernier Goncourt à celui qui avait offert le Prix Sulitzer…

-Le cadeau empoisonné: Que le parent qui n'a pas souri jaune devant le tambour ou la flûte offerts à son Mozart en herbe qui est persuadé que le solfège est un produit d'entretien, me jette la première pierre. A moins que ce ne soit l'aspirateur pour petites filles (on se demande pourquoi celui-ci n'est offert qu'aux filles…) et son sac de poussière plus vrai que nature à répandre dans toute la maison. Dans un genre différent, c'est aussi le bon d'achat dont la date d'expiration expire avant la fin du mois et qui n'est utilisable que dans un magasin cher…et moche. C'est aussi le charmant petit chiot qui n'intéressera plus personne quand il aura dépassé les 90 cm, quand il sera six heures du matin, qu'on sera le 5 janvier et qu'il fera zéro degrés dehors…

-Le cadeau "tiens dans les dents!': celui-ci n'en est pas un, vous l'aurez bien compris, tant il dissimule mal les intentions de la personne qui l'offre. C'est la crème antirides ou anti "amas graisseux" offerte par la charmante amie à sa copine qui vient de fêter ses  40 ans, ou encore le livre des "1000 meilleures blagues" au copain pince sans rire qui a préféré cultiver le sens de l'orientation plutôt que celui de l'humour, à moins que ce ne soit le DVD version colorisée de Véronique et Davina à celle qui, depuis les années "toutouyoutou", n'a tendu les bras que pour étendre son linge, ou encore le baptême en montgolfière à l'ami acrophobe ou la place de concert à celui agoraphobe.

Vous voyez, une fois que l'on a décrypté tout cela, le rituel du cadeau perd soudain de son innocence et de sa spontanéité, obnubilés que nous sommes par la question "qu'a-t-il bien voulu me dire?" ou "quel message vais-je lui faire passer?".
Au fait, désolée si l'opération cadeaux n'était pas encore pour vous une corvée!

Valérie Bitton.

Les joies de la copropriété



Nous le savons tous, vivre en appartement nous fait vite réaliser que l’on n’est pas seul au monde. Ainsi, avoir des voisins au dessus, en dessous, à sa droite et à sa gauche,  implique nécessairement de faire des concessions. Le problème en Israël (prenez l’exemple de la politique), c’est que les concessions sont toujours lourdes de conséquences…

Grave erreur que d'avoir choisi un "dirat gan", entendez par là un charmant petit rez-de jardin qui permettait de profiter de quelques mètres carrés de verdure dans un quartier pourtant « coté » de la ville, le fameux quartier Sha’hamon que les Français connaissent bien (ne me dites pas le contraire). Ce quartier porte le nom de la rivière qui a quitté son lit depuis longtemps (y a-t-elle un jour dormi ?), mais qui est loin d’être un long fleuve tranquille...
 Car si vivre dans « les fruits »* donne la banane et la pêche à longueur de journée, sachez que, côté immeubles, c’est plutôt « la shrouna » !

En choisissant le rez-de jardin, j'avais donc oublié que trois étages le surplombaient et que mes quelques mètres carrés de pelouse et d’eau chlorée allaient devenir le pôle d’attraction de tous les curieux sur leurs terrasses.

Passé les premiers jours d'un calme trompeur (le fameux calme avant la tempête), c'est un joyeux vacarme qui est venu troubler notre quiétude et remplir notre quotidien de décibels dépassant, de loin, le mur du son !

Tout a commencé par une soirée Shesh besh bien arrosée chez le voisin du dessus, qui s’est achevée quelques litres de vodka plus tard aux petites heures du matin, plus exactement à une heure trente de la sonnerie du réveil…
Quelques jours plus tard, ce même voisin décidément très hospitalier organisait une soirée "Al aèsh" (barbecue). Ce jour là, j’ai dit adieu à ma nappe antitaches en synthétique qui aurait dû penser à être « anti-feu », mon voisin ayant eu l’idée lumineuse de jouer du séchoir à cheveux pour attiser ses braises…Quelques minutes plus tard, il venait, confus, sonner à ma porte, non pas pour s’excuser, mais pour récupérer une entrecôte venue tout droit, loi de la pesanteur aidant, se suicider sur mon carrelage…

Et le shabbat, alors que j'osais espérer une trêve bien légitime, une pluie d'épluchures de pépites (Ne vous ai-je pas dit que mes voisins étaient Israéliens?) vient se planter dans ma pelouse, achevant de ruiner mon petit coin de verdure décidément mis à rude épreuve.

Je devrais vous parler aussi des journées nettoyage de terrasse (heureusement, elles ne sont "qu'" hebdomadaires) où un nuage de poussière vient recouvrir la mienne. Des journées lavage de printemps où un torrent d’eau sale vient noyer mon linge étendu au soleil et sec depuis longtemps mais qui n'attendait plus que la fin d'un excès de flemme pour être ramassé. Du jour où  l'explosion de la canalisation de la salle de bain a laissé un souvenir impérissable (et surtout indélébile) à mon plafond.
Je devrais aussi vous parler des objets récupérés au fil du temps tels que billes, balles, ballons (heureusement qu'ils ne jouent pas au bowling ni aux boules, me direz-vous!), torchons, fourchettes et serviettes usagées…des journaux que le vent  fait envoler sans prendre soin de vérifier que leur date est dépassée (pourquoi ne reçois-je jamais l'édition du jour?).
Mais tout cela risque de faire de la peine à mon propriétaire ou pire, lui donner l’envie de vendre sans préavis. Cela risque aussi de chagriner les agents immobiliers qui n’apprécieraient pas que le quartier soit boycotté…

C’est pourquoi je ne dirai rien. Promis.
Mais…Ne dites pas que je ne vous l’ai pas dit !

Valérie Bitton

  *Pour les non-initiés, je veux parler des Peirot, le quartier où chaque rue porte le nom d’un fruit.

Le chien à l’accent français

 
Vous voyez ce caniche ? C’est la star des publicités pour le loto israélien. Il apparaît sans les spots publicitaires télévisés, on l’entend sur les ondes radios et désormais, on le retrouve sur les tracts distribués dans les boites aux lettres. Qu’a-t-il de particulier (hormis sa myopie) ? Il parle hébreu avec un accent français à couper au couteau, et il vit une vie de rêve, dans une maison de rêve, car il a, bien sûr, gagné au loto ! Et oui, le Français est généralement considéré comme à l’aise financièrement. Il est vrai que les Israéliens, en particulier les Eilatiens, nous voient plus dans les piscines des hôtels où dans les terrasses des restaurants, oubliant que, eux aussi, quand ils sont en vacances quelque part, ils dépensent le fruit d’une année de labeur. Les clichés perdurent…

L’épreuve du maillot de bain


Certains passent leur bac. D’autres passent le permis de conduire. Je connais une épreuve bien plus difficile encore à passer que toutes celles-ci, car on a beau réviser, on est jamais assez préparé…Il s’agit de l’épreuve du maillot de bain…
 Voici donc, pour vous, mesdames, en exclusivité, quelques règles de base pour passer l’épreuve avec succès :
-Essayez toujours un maillot bronzée, ou au moins hâlée. En effet,  aucune couleur ne va à un cachet d’aspirine ! Si vous n’avez pas encore goûté au soleil d’Eilat, mettez de l’autobronzant quelques jours avant l’essayage. Je dis bien quelques jours avant, car la vendeuse n’appréciera pas du tout que vous vous soyez tartinée tout juste avant d’enfiler ce charmant petit bikini tout blanc…
-Evitez les essayages les lendemains de shabbat où la daphina de tata Rachel a laissé des souvenirs inoubliables (et indélébiles) sur les hanches ! Et si vous n’êtes pas encore parvenue à perdre les kilos de pessah, voire de l’hiver, choisissez un magasin dans lequel les miroirs sont à l’intérieur des cabines. Rien de pire en effet que de devoir sortir, sous le regard des curieux,  pour aller se regarder dans la glace située au bout du magasin !
-D’ailleurs, il y a beaucoup d’autres choses qu’il va falloir éviter : les néons qui ne pardonnent aucun défaut et braquent leur lumière crue sur vous comme lors d’un interrogatoire de police. Les miroirs grossissants, ô combien exagérant, qui zooment sur les zones adipeuses aussi nettement que Google Earth le ferait au dessus de régions volcaniques et de terres arides. Les magasins où les vendeuses ne cessent de vous harceler (« Voyons voir ce que ça donne ? », en ouvrant le rideau avant même de vous laisser le temps de l’enfiler, « Si c’est trop petit j’ai la taille au dessus ! », avant même de vous laisser le temps de croire qu’il allait vous aller, « C’est un peu moulant mais la matière va se faire ». Sachez qu’un maillot, même avec  40% de lycra, ne se fait jamais, tout comme une paire d’escarpins T38 sur une femme chaussant du 40 ne se « fera pas » non plus). Evitez les magasins où l’on refuse de vous enlever l’antivol incrusté dans la culotte, ou les épingles piquées dans les bretelles du maillot qui était exposé dans la vitrine. Evitez aussi les rideaux si étroits qu’ils ne cachent que la moitié de la cabine (le miroir intérieur se chargeant de dévoiler l’autre).
-Le jour de l’essayage, mettez des vêtements pratiques. Pas de Converses montantes aux lacets doublement noués, ni de boutons dans le dos d’un chemisier qui ne peut s’ôter en self-service. Car la séance d’essayage peut vite virer au cauchemar, si vous vous affalez sur la pile de cintres à force de sauter à cloche-pied, la tongue coincée dans la jambe d’un slim, le sac à main entre les dents (car vous avez toujours le chic pour choisir la cabine qui n’a plus de porte-manteaux), ou encore les créoles emberlificotées dans les mailles du T-shirt en soie sauvage, du coup sauvagement déchiré… 
-Puisque vous en êtes à choisir le maillot : bannissez le blanc qui n’aura plus de secrets pour personne une fois sorti de l’eau, les larges rayures au risque de vous confondre avec le transat du même nom, le bikini triangle si votre morphologie est plutôt ronde et les chaines dorées qui ne résisteront pas longtemps aux piscines over-chlorées.
-De retour chez vous, il vous reste une consigne  à respecter : n’ôtez l’étiquette et ne jetez le ticket de caisse qu’après avoir fait un dernier essai, loin des spots et des conseils des vendeuses commissionnées. Par contre, découpez celle qui adore dépasser du maillot lorsque vous, naïade, sortez de l’eau.

Si, forte de tous ses conseils, vous réussissez à passer l’épreuve du maillot de bain, ne vous prenez pas pour autant pour la star de la plage car, comme le dit le dicton : « Ce n’est pas parce que je viens de Paris et que j’ai séjourné à l’Hilton que ça fait de moi une Paris Hilton ! »
Valérie Bitton

Bons baisers d’Israël…

                                                                                          
Voici que se profilent les vacances tant attendues, et avec elles leur lot d’écran total et de Biafine, de glaces et de granitas, de pizzas-shouwarma-fallafels, de sable dans le maillot et sel dans les cheveux, de matkots (raquettes israéliennes dont il vaut mieux ne pas croiser la trajectoire de la balle), de jet-ski pour les plus courageuses et de méditation transcendantale pile ou face sur la serviette pour tenter le bronzage doré caramélisé que l’on aura vite fait de camoufler sous les habits de rentrée.
Tout cela est notre lot commun, mais il existe une différence fondamentale entre les autochtones Israéliennes et les touristes de passage : La carte postale.
C’est l’étape obligatoire pour toute personne un minimum sociable et civilisée, afin de rappeler à ses proches que l’on existe encore et qu’on ne les a pas totalement oublié.
Hormis les rarissimes pour qui écrire une carte postale est source de plaisir, c’est souvent, avouons-le, une corvée dont les maris ont vite fait de se débarrasser et dont on se passerait bien aussi quand le thermomètre est au plus haut et que notre capacité de réflexion est comparable à celle d’une huître.
Car la rédaction d’une carte postale, même si le contenu est bref, est un exercice de style qui en dit long sur notre personnalité.
Tout d’abord, le choix de la carte n’est pas anodin ; il y a celle qui veut faire enrager ses collègues de bureau avec une prise de vue panoramique de Matsada alors qu’elle est restée durant toutes ses vacances à Bet-Shemesh chez sa tante Fortunée. Il y a aussi celle qui investit dans la carte « tout-en-un » qui case sur 15 centimètres toutes les vues possibles, du genre : Tel-Aviv, sa plage-sa place Dizengoff-sa synagogue-son musée-sa rue Allenby, sous-entendu : « J’ai fait tout ça ! »
Certaines ne pourront réfréner leur côté sioniste et enverront le célèbre Fallafel harnaché du drapeau israélien, ou encore le « I ♥ Israel » qui risque de mettre dans l’embarras le destinataire dont le courrier passe par une gardienne un peu raciste sur les bords…
Mais parlons du contenu :
La classique : « Un petit bonjour d’Israël où je passe de bonnes vacances… » Variation : « Shalom mi Yeroushalaim, èizé kef ba aretz », pour celle qui aura cette année enrichit son vocabulaire.
La lyrique : « Petite escapade à Hertzilya où nos sens sont mis en exergue par le clapotis des vagues et les variations chromatiques du coucher du soleil… »
La rapide : « Bien arrivés-stop-Pensons à vous-stop-Kiffons Netanya-stop »
Pour la « branchée », celle qui a la chance d’avoir une connection Internet, la e-carte ou carte postale virtuelle, qui comporte de multiples avantages : Outre le fait de vous faire économiser vos précieux shekels, elle n’envahira pas la façade du frigo de vos amis avant de finir dans leur poubelle une fois l’été passé, ne sera pas l’objet de moqueries en cas de fautes d’orthographes où de comparaisons par rapport à celle envoyée l’année dernière, et par-dessus tout, c’est la seule qui arrivera dans les temps si vous savez l’envoyer.
Car n’oubliez pas de vous attaquer rapidement à cette "opération carte postale". Le temps que vous parveniez à faire coïncider  vos heures de plage avec celles d’ouverture de la poste, vous serez déjà sur le point de rentrer…
Enfin, rappelez-vous que la carte postale est le privilège de celles qui sont parties en vacances !...

                                                               Bonnes vacances !